Cela fait bientôt 10 ans que je pratique la méditation Vipassana, c’est pour moi une merveilleuse technique de connaissance de soi. Je suis revenue le week-end dernier d’un cours de 10 jours en silence, c’est le moment de vous en parler. Pourquoi je médite? En premier lieu pour développer mes facultés d’observation et d’attention. En second lieu pour mieux comprendre le fonctionnement de mon esprit.
Les techniques de méditation Vipassana ou de Pleine Conscience par exemple nous entrainent dans un premier temps à être attentifs à notre souffle, à observer notre respiration, c’est la méditation Anapana. Il ne s’agit pas de contrôler notre respiration, ce n’est pas un exercice de pranayama, mais simplement observer la respiration telle qu’elle se fait, un peu comme un gardien qui observe le va-et-vient des visiteurs qui entrent et qui sortent.
1. En pratique, observer la respiration
Asseyez-vous dans le calme, confortablement (pas besoin d’adopter la posture du lotus ou quelque autre acrobatie), simplement asseyez-vous confortablement. Fermez les yeux et posez votre attention à l’entrée des narines, observez le souffle qui entre, le souffle qui ressort.
Je pose mon attention sur ma respiration, pour rester présent à chaque inspire et à chaque expire. Puis à un certain moment, très court parfois, je me rends compte que mon esprit s’est échappé, que j’ai laissé / oublié ma respiration pour « penser », j’ai quitté le moment présent pour partir dans un « film mental ».
Si le temps où je suis véritablement présent à ma respiration est parfois extrêmement court, celui où je suis perdue dans mes scénarios peut être très long. Il peut parfois s’écouler de très longues minutes avant que je me rende compte que je suis perdue dans mes pensées.
Alors, quand je prends conscience que je me suis égarée, je laisse ces pensées et je reviens à ma respiration.
2. Les bénéfices de la méditation sur le souffle
Cet exercice tout simple d’attention à la respiration (méditation Anapana) peut en lui seul constituer la pratique méditative de toute une vie.
1. Le premier bénéfice de cet exercice est de développer / d’affiner ma capacité d’observation : au fur et à mesure que l’esprit se concentre, le souffle se fait de plus en plus léger, de plus en plus subtil, l’esprit doit donc s’affiner de plus en plus pour continuer à percevoir la respiration.
2. Le deuxième bénéfice est d’entrainer ma capacité d’attention. D’une part mon esprit apprend à rester concentré pendant quelques secondes, puis quelques minutes. D’autre part je me rends compte de plus en plus rapidement que mon esprit s’est échappé.
3. Le troisième bénéfice est d’apprendre peu à peu à apprivoiser, à dompter mon esprit. Tel est un muscle que l’on développe par l’exercice physique, notre capacité à maîtriser notre esprit se développe par cet exercice mental de va-et-vient entre les pensées (mon esprit s’est échappé) et l’observation de la respiration (je le ramène où j’ai décidé qu’il serait).
4. Le quatrième bénéfice est de nous permettre de mieux comprendre à quel point nous sommes attachés à nos pensées et de développer notre capacité à lâcher-prise. Même quand j’ai pris conscience que je suis en train de me raconter des histoires, et même si elles sont douloureuses, j’ai parfois du mal à les laisser aller pour revenir à la respiration, je comprends que mon esprit s’accroche à son activité favorite.
Ainsi la méditation sur la respiration me permet de m’apercevoir qu’à un certain moment mon esprit a pris le contrôle, que c’est lui qui se raconte des histoires. Je prends conscience que je suis en train de penser, ou plutôt qu’il y a un « penseur » qui n’est pas moi.
De plus je perçois que ces pensées ne sont pas la réalité, mais simplement des pensées.
Quand je réalise que je suis en train de penser, je prends du recul, j’observe l’esprit en train de penser, je me détache en quelque sorte de ces pensées.
3. Comprendre la nature de mes pensées
Quand je commence à observer mes pensées, je me rends compte de deux choses :
- d’abord que le scénario prédominant est toujours celui du pire : je rejoue encore et encore tout ce qui n’a pas marché dans le passé, je prévois tout ce qui de marchera pas dans le futur, avec des scénarios dignes des meilleurs films-catastrophes.
- ensuite que les pensées ont toujours trait à des événements passés (réels ou imaginaires) ou futurs (là aussi réels ou imaginaires).
Au quotidien la pratique de la méditation peut être d’une grande utilité pour d’une part de repérer plus facilement l’apparition de ces pensées / images / scénarios / ruminations mentales inutiles (« tiens, je suis en train de me raconter des histoires »), et d’autre part d’en repérer le caractère pessimiste (« tiens, c’est un film noir, je suis en train d’imaginer le pire »).
De plus la pratique méditative est également un entrainement au « lâcher-prise ». En méditant, nous observons une pensée qui apparaît. Aussi agréable ou désagréable soit-elle, nous apprenons à la lâcher, à la laisser passer pour revenir à l’objet de notre méditation, au moment présent.
Ainsi en observant l’apparition et la nature de ces pensées/images, non seulement je prends du recul et je réalise peu à peu que ces pensées sombres font partie de moi, mais qu’elles ne sont pas « moi ». J’apprends à ne plus m’identifier avec ces pensées. Je m’en détache, je les lâche, je les laisse passer. A ce moment je sors de la spirale qui m’entraine vers le fond.
En conclusion, pour vivre mieux accordez-vous chaque jour quelques minutes de méditation. Asseyez-vous dans le calme, pas besoin d’adopter la posture du lotus ou quelque autre acrobatie, simplement asseyez-vous confortablement. Fermez les yeux et posez votre attention à l’entrée des narines, observez le souffle qui entre, le souffle qui ressort. Quand votre esprit s’échappe, ramenez-le patiemment à la conscience de la respiration, sans vous énerver, sans vous décourager.
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Sympa, Madame, pour cet article qui me situe définitivement ce qu’est la méditation. Sinon il y avait comme une confusion généralisée de ce concept dans ma tete. La méditation! Que met-on ou fait-on qui soit différent d’une prière ou le fait de rester tout simplement silencieux? A présent, avec votre article ci-dessus, c’est clarifié dans ma tete. Tel qu’expliqué en relation avec en relation qvec la méditation Anapana (liée à la respiration). Encore une fois merci infiniment: